La crise des dioxines à Halluin

1998 révèle à la France la problématique des dioxines. Le groupe Danone relève en effet des taux de dioxines très élevés dans le lait de vaches provenant d’Halluin. Avec des teneurs de 2 à 6 fois la norme réglementaire européenne et de 8 à 27 fois les concentrations rencontrées habituellement en France, le risque sanitaire apparaît explosif. La source de pollution est rapidement identifiée : l’usine d’incinération d’ordures ménagères présente sur le site et en activité depuis 30 ans. Ses rejets atmosphériques ont pollué fortement les terres agricoles environnantes, destinées essentiellement à l’élevage bovin.

Lille Métropole décide alors de fermer l’incinérateur. L’activité des deux autres équipements comparables de la métropole (à Wasquehal et Sequedin) est également stoppée. Un Centre de Valorisation Énergétique (CVE), bénéficiant de technologies innovantes, notamment en matière de rejets minimes de dioxines à la pointe de la lutte contre les dioxines, est aujourd’hui installé sur le site de l’ancien incinérateur.

En 2002, suite à une nouvelle découverte de pollution, de nouvelles décisions sont prises : arrêt momentané du nouvel incinérateur incriminé pour vérifications : il s’agissait de rejets dus aux essais de mise en service. L’interdiction de l’élevage reste de mise et il est procédé au rachat des terres contaminées, aides à la reconversion des exploitants. Le secteur proche de l’incinérateur demeure en friche encore aujourd’hui.

Halluin 3R, fruit d’une mobilisation locale et d’un contexte favorable

Au fil des années, habitants et élus ont pris conscience de la nécessité de restituer aux générations futures un environnement sain. En parallèle, les réglementations ont été durcies, notamment au niveau européen et les études menées sur les dioxines dans le sol français se sont multipliées. Autant d’éléments qui encouragent le développement de techniques douces pour parvenir à une gestion durable des sols et suscitent un intérêt non négligeable de la part de tous les acteurs de territoires concernés par ces pollutions (habitants, agriculteurs, élus, médecins …).

La crise des dioxines a évidemment laissé des traces à Halluin. Les habitants gardent en mémoire ce souvenir traumatisant de l’arrêt de l’élevage bovin. La ville d’Halluin, désireuse de rebondir face à la crise, a mobilisé des partenaires locaux pour travailler à l’élaboration d’un projet novateur. Le rachat par Triselec Lille d’une des parcelles (la Ferme du Noir Pot) pour y promouvoir des actions de développement durable a également été un élément déclencheur. Tout comme l’implication de l’association EDA, membre fondateur de l’association Espace Biotique qui a mené avec succès des expériences de phytoremédiation pour extraire des métaux lourds de sols pollués (plomb, cadmium, zinc, …) sur le site Metaleurop à Auby.

Peu à peu est ainsi née, à Halluin, l’idée de développer une recherche in situ pour expérimenter des méthodes innovantes de dépollution de sols contaminés par les dioxines.

Une idée qui s’est concrétisée en février 2007 par la création de l’association Halluin 3R.